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VOIR : VAPEUR HOMMES ET MACHINES.

LES FORMES DU RAIL NOUVEAU SE PRECISAIENT.

Publié le 01/06/2014 à 22:13 par reseau3gg
LES FORMES DU RAIL NOUVEAU SE PRECISAIENT.

...

...Un jour, j'ai écrit à PARIS pour demander un permis d'accompagnement comme au jour de mes seize ans. Je l'ai reçu et aussitôt j'ai repris la route. Je ne préparais plus le métier de mon ambition, je roulais désormais par dilettantisme, je savais que je n'aurais jamais une machine à moi dans l'avenir, je les verrais toutes. Je ne cherchais pas tant à recréer le passé qu'à me détendre du travail fade et édulcoré de mon nouvel emploi.

...

...Les formes du rail nouveau se précisaient, les autorails accaparaient de plus en plus les services voyageurs omnibus de mes 230, et Gaston finissait sa carrière au régulation des 141 R. Les "Reines" elles-mêmes depuis quelques années régnaient sur de nouveaux fiefs. Elles demeuraient youjours en touraine, mais les "Sénateurs" ne dévalaient plus en rafale dans les "trous" de SAINTE-MAURE et de SAINT-SAVIOL, les tournées de BORDEAUX n'étaient désormais qu'occasionnelles.

...

...Les caténaires parties de PARIS dans les années où mon intérêt ferroviaire naissait, avaient progressé de la BEAUCE à la TOURAINE, par étapes avaient rejoint le POITOU, la GUYENNE ensuite sous la verrière de BORDEAUX-SAINT-JEAN où elles s'étaient soudées à des fils semblables déjà tendues sur leurs portiques en en ogive à travers la forêt landaise et le pays BASQUE jusqu'à la frontière d'ESPAGNE par le réseau du MIDI, dans les années mêmes où celles parties de PARIS atteignaient ORLEANS.

...

...Les 3700 n'étaient plus la fierté du "SUD EXPRESS". Elles continuaient à visiter NANTES, découvraient les horizons du PLM. Tout au début de ce nouveau service, elles approchèrent LYON jusqu'à ROANNE, et les équipes d'USSEL habitués aux "MIKADO" et 6000 des Monts d'AUVERGNE eurent désormais pour compagnons de réfectoire, aux repas du soir les fameux "Sénateurs" arrivés dans l'après-midi avec le "THERMAL-EXPRESS", le rapide des villes d'eaux repris le matin en gare de VIERZON aux conquérantes motrices.

... 

...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 54.

...



IL ETAIT DANS L'IGNORANCE DE SON DESTIN.

Publié le 06/06/2014 à 13:49 par reseau3gg
IL ETAIT DANS L'IGNORANCE DE SON DESTIN.

...

...J'ai quitté TOURS, les équipes des tumultueuses 3600 pour revenir auprès de Gaston sur la 230-336. J'étais heureux de retrouver nos trains dont personne ne parlait. Nos modestes omnibus étaient les auxiliaires dévoués des Express avec lesquels ils échangeaient aux gares de correspondance les voyageurs des stations campagnardes où les "voraces" ne s'arrêtent pas, nos lents "détails" aux manoeuvres interminables, aux wagons disparatres des pourvoyeurs de triage.

...

...Sur les 230 où je poursuivais mon "noviciat", sur les "Reines", sur toutes les machines, et jusque sur les "pilous", les humbles 030 TC vouées de naissance aux manoeuvres de gare, des hommes étaient égaux devant les signaux, l'impératif "sécurité", la sécurité qui ne connaît pas la hiérarchie.

...

...Je savais que je m'éterniserais pas avec Gaston sur la 230-336, l'attachement au métier, la foi en l'avenir et ma persévérance naturelle m'imposeraient de quitter mon ami pour réussir. Un temps viendrait où je reverrais TOURS, où je m'élèverais aux grandes vitesses comme compagnon, plus tard à moi aussi une "Reine" serait offerte. Gaston lui-même ne serait pas peu fier de m'avoir stylé, de m'avoir eu pour élève...

...Etranges rêves que peut faire l'homme dans l'ignorance de son destin ! Rien ne laissait prévoir que dans quelques semaines nos yeux me trahiraient, qu'une mosaïque imprimée aux birarres arabesques colorées me tendrait ses pièges, me condannerait irrévoquablement.

... 

...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 54.

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UNE NOUVELLE GENERATION DE "SENATEURS".

Publié le 17/06/2014 à 11:41 par reseau3gg
UNE NOUVELLE GENERATION DE "SENATEURS".

...

...Lorsque je suis revenu à TOURS pour accompagner les "Reines" je ne connaissais les "Sénateurs" que de nom, je n'avais pas eu de conversation avec eux, ne les ayant qu'entrevus. Quel accueil me réservait-ils. Me prendrait-ils pour un de ces étrangers admiratifs de leurs exploits, pour un journaliste en quête d'un papier ? Je n'apparus pas en inconnu.

...

...Avec la ronde des saisons, les rangs des "Sénateurs" s'étaient clairsemés, la grosse majorité des noms qui revenaient sans cesse dans le palmarès d'avant 1939 n'était plus transcrite sur les graphiques du sous-chef de feuille, les artistes étaient des retraités, on pouvait compter sur les dix doigts les vétérans qui conservaient le souvenir des jours glorieux de BORDEAUX à la vapeur sur les 3700.

...Georges BERNIER que j'avais connu sur la 230-609, lui-même était parti. Une nouvelle génération de "Sénateurs" s'étaient levée, la dernière dans laquelle je retrouvais des chauffeurs, des élèves mécaniciens devenus à leur tour les maîtres des "Reines".

...

...Nous nous étions connus lors d'inévitables rencontres, en faisant chauffer les gamelles sur les fourneaux des corps de garde, aux lavabos à VIERZON, à BOURGES, AU GUETIN. En ces jours, ils "chauffaient" soit une "PACIFIC américaine" soit une "BIQUETTE". Il sera dit en passant que les gars de TOURS appelaient "Biquettes" les mêmes machines qui, en BERRY, étaient surnommées les "Chieuvres" Ces deux sobriquets étaient indifférement appliqués aux locomotives 230 F et G dont la différence essentielle se tenait dans le diamètrte des roues motrices.

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...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 56.

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SOUVENIRS TROP VIVANT POUR EN PARLER AU PASSE.

Publié le 23/06/2014 à 07:49 par reseau3gg
SOUVENIRS TROP VIVANT POUR EN PARLER AU PASSE.

...

...On dit parce qu'elle suit la Loire sur la quasi-totalité du parcours et que les ondulations du profil n'y dépassent pas trois millimètres, la ligne NANTES est facile, mais tu verras mon ami que le LO cette nuit et son homologue demain ne se font pas les mains dans les poches. Tu l'as vu "descendre" il y avait quatorze "charettes", nous en aurons encore plus de 650 tonnes.

...Ainsi s'exprimait Robert au côté duquel je me tenais, sur le tablier entre la machine et tender, tandis que penchés hors de l'abri, nous veillons à la progression de la 730 refoulant de feu vert en feu vert pour se raccorder à la rame dont nous apercevions à moins de trois cents mètres les dernières voitures à quai sur la voie du butoir hydraulique.

...

...Maurice BUGEAUD accoudé à la rembarde de droite guettait la lanterne de l'atteleur à hauteur du fourgon. La "reine" descendant d'aiguille en aiguille précédée de son énorme tender à bogies, les boudins grinçaient sur les contre rails, parfois au passage d'un joint, un morceau de houille se détachait du monticule, dévalait, entraînant dans sa course une réduction d'avalanche qui venait mourir sur la tôle de pelletage.

...

...Un agent de l'exploitation échangeait avec BUGEAUD le bulletin de traction préparé par Robert contre le titre de composition : quatorze pièces : 670 tonnes. Le chef de service s'était approché : "Prêts pour les essais de freins, les gars ?" Robert donna les deux coups de sifflet réglementaires, mit la poignée du robunet "H.7" du frein automatique sur la troisième position : "équilibre". Sur le cadran du manomètre, l'aiguille se déplaçait vers la gauche, la conduite générale se vidait de son air, l'aiguille arrivée à zéro, Robert ramena le robinet à la première position 2 :"marche", puis siffla la fin de l'essai.

...Pendant ce temps, BUGEAUD, de son côté, pugeait une dernière fois le niveau de l'eau, vérifiait les "clarinettes" de l'appareil s'assurant par une ultime épreuve du fonctionnement correct des robinets d'isolement du tube.

...

...Sur la machine, le bavardage avait cessé, on n'entendait plus que le bruit horloger du "Flaman" enregistrant son trait sur la ligne zéro. Accrochée sur la façade latérale au-dessus du robinet de frein, la petite armoire vitrée du livret de marche renvoyait une image indécise, l'éclat d'un cuivre. Tout était paré, la grande course allait commencer sous les étoiles, elle s'achèverait sous les rayons obliques de l'aurore. Le souvenir de ce premier voyage sur une "reine" remorquant un train de nuit à marche serrée est trop vivant pour que j'en parle au passé.

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...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 56.

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ON EN A PLEIN LES MAINS.

Publié le 29/06/2014 à 09:38 par reseau3gg
ON EN A PLEIN LES MAINS.

...

...Oui poursuivait Robert, si la rame est bonne au roulement, 650 tonnes, eh bien, on en a plein les mains ! Comprends bien, sur NANTES, il n'est pas question de jouer avec le profil. Utiliser la force vive du train ? Tintin ! Tu dois te lancer par tes propres moyens, ici en partant, dès que tu as passé le poste 1 de la bibur de GRAMMONT, et ensuite à chacun des démarrages intermédiaires, SAUMUR, ANGERS, ANCENIS...

...

...BUGEAUD ouvre le "gueulard" de sa pelle tendue à bout de bras, le bec retourné. Il scrute le brasier éblouissant, décèle dans le lit de feu des "trous" puis commence sa chauffe. Pelleté à l'avant, au centre, dans les coins à l'arrière, et la dernière à la volée. La main droite du mécanicien a abandonné le volant de débit de la pompe A.C.F.I., s'est posée, protégée d'un "essuyage" sur l'un des deux contrepoids qui, abaissés, ouvrent les vantaux de la porte de foyer, et relevés les rabattent. D'un geste précis, en étonnant synchronisme avec ceux du compagnon, il manoeuvre entre chaque pelleté le contrepoids correspondant au vantail de droite ou de gauche qui, dans son mouvement, entraîne celui du milieu; la porte s'ouvre et se referme.

...

...A chaque ouverture, la réverbération du feu illumine d'un éclat orange la nuit de touraine. Deux silhouettes humaines paraissent visions dantesques. Le mécanicien droit à son poste, son visage masqué de lunettes se reflétant dans le hublot élliptique, le corps courbé du compagnon, les muscles du visage et les bras accusant un saisissant relief sous l'effet de la sueur, du flash du foyer et des ombres combinées.

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...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 59.

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ROBERT FIGNOLE L' ARRET A LA GRUE HYDRAULIQUE.

Publié le 04/07/2014 à 14:38 par reseau3gg
ROBERT FIGNOLE L' ARRET A LA GRUE HYDRAULIQUE.

...

...Sur l'interminable ligne droite, entre deux feux d'obéisance, j'ai pensé à tous ces voyageurs confiants dans les hommes du rail. La BOHALLE,  TREZALE, les roues des la "Reine" tournent, tournent. De canton en canton, à intervalles réguliers, la réverbération orangée du "gueulard" ouvert éclate; les chauffes de BUGEAUD arrachent aux ténèbres des lambeaux de paysage, un buisson, une pile de pont sortent de l'ombre, la fumée couchée par la vitesse, de la cheminée à l'abri s'effiloche sur la rame, se disperse sur la prairie teintant une mare opaque de reflets d'incendie.

...

...A ce stade du parcours, entre deux chauffes, je m'introduis dans la trémie du tender, comblant le vide creusé par la pelle, j'approche à coups de pic le charbon sur la tole du pelletage. LA PAPERIE est passée, les roues tournent et les aiguilles sur le cadran de nos montes. La "Reine" tressaute sur un aiguillage les rails venant de LA FLECHE venant rejoindre notre voie, et, avant de s'engouffrer dans le tunnel à l'entrée d'ANGERS, Robert amorce son arrêt d'une première dépression au robinet de l'automatique.

...

...Les sifflements modulés de l'air comprimé libéré s'élèvent, se calment, reprennent, les ondes parcourent la rame, les sabots de freins étreignent les bandages. A l'autre bout du souterrain, les feux verts, rouges, et violets se multiplient avec l'élargissement de la voûte. Robert "fignole" son arrêt pour stopper le tender à la grue hydraulique, l'Express entre lentement sous la verrière et dès que la machine l'a dépassée, il débloque la rame et parachève l'arrêt au frein modérable. Au point précis révélé par un infaillible repère, le train s'immobilise, le coffre à eau du tender à niveau du bras de grue.

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...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 60.

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5 MN POUR EXAMINER L' ETAT DE SANTE DE LA LOCO.

Publié le 06/07/2014 à 13:46 par reseau3gg
5 MN POUR EXAMINER L' ETAT DE SANTE DE LA LOCO.

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...ANGERS / SAINT-LAUD, cinq minutes d'arrêt. Robert fait le tour de la machine, descendu de l'abri par les marchepieds de gauche, il remontera par ceux du côté droit, ayant ausculté du revers de la main chacun des moyeux des douze roues de la locomotive, les huits boîtes d'essieux du tender. Cinq minutes pour diagnostiquer l'état de santé de la machine après l'effort, la préparer à celui de la prochaine étape, cinq minutes pour examiner, conclure, traiter s'il y a lieu.

...Une flasque de coulisse, un congé, une boîte d'essieu reçoivent un coup de seringue, car la seringue et non la burette est un emblème des mécanos tourangeaux.

...

...Dans un même roulement, les locomotives d'une même série ont leurs réactions particulières. Les poussées de temprérature, même normales, varient d'un engin à l'autre, et sur une machine donnée, deux organes identiques, souvent symétriques, réagissent différemment. C'est pourquoi cette visite du mécanicien, pour si rituelle qu'elle puisse paraître nécessite un esprit constamment en éveil.

...

...Tout le temps que Robert a conservé la 231-730, je l'ai vu, comme je le vois cette nuit à la lueur de la lampe à acetylène, s'attardant plus longuement sur l'accouplement arrière gauche, la troisième des roues couplées. Elle ne lui a jamais créé d'ennui véritable, il n'a pas connu de détresse, n'a pas demander la "réserve", mais cette roue est celle qui, plus que les autres, fait apparaître un pli sur son front.

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...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 61.

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LE SIGNE INFAILLIBLE DU FEU QUI VIEILLIT...

Publié le 07/07/2014 à 19:30 par reseau3gg
LE SIGNE INFAILLIBLE DU FEU QUI VIEILLIT...

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...Sur la grille le feu a molli, l'incandescence de la masse en ignition s'est obscurcie çà et là de croûte de machefer; elles apparaissent telles des tâches solaires. Multipliées, elles s'agglutinent, empêchant l'air de franchir les barreaux de grille. Ces symptômes de l'encrassement du feu ont leur incidence sur la production de la chaudière.

...L'aiguille du manomètre cesse de coller à la flèche du timbre, s'écarte vers la gauche, la pression baisse d'un kilo. BUGEAUD, depuis l'arrêt d'ANGERS, guettait ce signe infaillible du feu qui vieillit, il n'attend pas un nouveau déplacement de l'aiguille. De son foureau de tôle sur le tender, il tire à lui la longue griffe à soc acéré, l'introduit par un vantail entrebâillé dans le foyer. L'homme tient le fer à deux mains, la gauche protégé d'une guenille guide l'outil, de sa droite, avec une puissance d'étau, il serre la poignée et transmet sa force au croc qui laboure le lit de feu, soulève, arrache, dissocie, désagrège les plaques de scories rougeoyantes, la tringle de fer résonne sur le pare-ringard qui recouvre la rivure du cache de la porte et la préserve des chocs.

...

...Le corps du compagnon tour à tour plié, redressé, courbé, puis triomphant, évoque des attitudes de gladiateur, un gladiateur des temps modernes en combat singulier avec un démon dissimulé dans les flammes. Puis en deux gestes secs, le chauffeur rengaine le fer rouge et blanc dans son étui de métal.

...La grille est secouée à grands coups mesurés de "branloir". L'air venu des trappes traverse à nouveau la couche de houille embrasée, le feu reprend son éclat incandescent, la chute de l'aiguille sur le cadran en émail cesse, bientôt la flèche repart dans l'autre sens, ralliant la division 17. BUGEAUD entame une nouvelle chauffe, je lui ouvre et ferme les vantaux.

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...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 63.

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LA CALAMITE DES TENDERS DE PETITE CONTENANCE.

Publié le 08/07/2014 à 12:57 par reseau3gg
LA CALAMITE DES TENDERS DE PETITE CONTENANCE.

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...Une de cess machines dont personne ne voulait parce qu'elles étaient en fin de parcours "mortes" et menaçant à tout instant de vous faire une "vache"? Non ! la 718 et la 725, bonnes locomotives souffraient de mariages malheureux, l'une et l'autre avaient été séparées de leurs tenders habituels de 37 ou 38 mètres cubes et présentement, étaient accouplées à des citernes de "vingt litres", les tenders originaux à trois essieux d'avant les transformations.

...

...Pour les équipes l'ennui d'avoir un "vingt litres", c'était qu'il fallait "pisser" à toutes les grues, il en résultait que certains arrêts dépassaient la durée allouée. Pour regagner le temps perdu, imputé à la traction par des "padères" incompréhensifs de la servitude des prises d'eau renouvelées, il fallait ensuite se démener comme des sauvages et tirer sur la peau des machines à les claquer pour faire l'heure.

...

...Robert encourageait son collègue, il ne fallait pas refuser une "Reine, la laisser passer aux mains d'un quelconque "gounassier", tout juste bon à faire des "patachons". Robert concédait que tant que la 718 et la 725 trimballeraient leurs "vingt litres", ce serait là un em...bêtement, mais GUESSARD, le mécano, tenait de source sûre à l'arrondissement que deux "trente-sept mètres" seraient bientôt livrées par la région NORD où de semblables tenders devenaient disponibles. Il conseillait donc à LEGENTIHOMME de ne pas décliner l'offre du patron et d'accepter la 718.

...D'ailleurs que pouvait-il espérer à s'éterniser avec la 3610 ? Au train où les choses semblaient aller, avec la multiplication des autorails, ces bruits sur le développement à venir des engins diesel, il fallait s'attendre à ce que les 3600 et les "biquettes" perdent des kilomètres où disparaissent vers d'autres dépôts. Un jour viendrait où il n'y aurait que des "Reines" pour conserver un service Express. Préférait-il faire la "banalité" aux 141 R Ainsi que les gars de SAINT-PIERRE-DES-CORPS qui voyaient s'ammenuiser les travaux des 5800.

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...LEGENTIHOMME était jeune dans la carrière, la perspective de ne plus être titulaire, de travailler sur une "R", fût-ce assis dans un fauteuil de cinéma, ne lui souriait guère. A la fin de la conversation, il n'y avait plus de problème, il acceptait la 718 malgré cette calamité de tender de "vingt litres". D'ailleurs les patrons savaient à quoi s'en tenir sur les minutes perdues à "pisser" regagnées par la plupart en suite. Il n'a pas regretté d'avoir pris cette machine, il a continué la tradition des "Sénateurs", tenu haut le flambeau de la renomée des "Reines jusqu'au jour où le compagnon a basculé le dernier feu.

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...Je ne suis pas pour oublier ce 1114, l'Express de NIMES à PARIS, d'un 2 septembre, où la 718, LEGENTIHOMME et son chauffeur reprirent à SAINT-GERMAIN-DES-FOSSES dix sept pièces totalisant huit cent dix tonnes. A travers un véritable déluge, sous un ciel d'Apocalypse, ils menèrent le train à VIERZON, au rendez-vous de la 2D2, regagnant treize minutes sur une marche où faire l'heure en conditions météoroligiques normales constituait déjà une épreuve ardue pour les hommes tant que pour les machines.

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...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 64.

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LES ENNUIS NE VIENNENT JAMAIS SEULS (1/3).

Publié le 09/07/2014 à 11:30 par reseau3gg
LES ENNUIS NE VIENNENT JAMAIS SEULS (1/3).

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...Le sémaphore obstinément au rouge dictait l'arrêt. L'agent de gare, sa lampe irradiant un halo, vint parlementer à l'abri, nous informer que le 4516, un "marchandises" parti bien avant nous de SAINT-PIERRE, ne dégageait pas. Enfin nous dépassâmes le 4516 garé sur une voie de service, la 141 B montrant tous les signes de la déresse par difficulté de production. La marche normale allait reprendre avec un retard de quarante-cinq minutes. Les ennuis ne viennent jamais, dit-on, nous eûmes la peuve évidente cette nuit là

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...Au cours de l'arrêt sémaphorique à SELLES-SUR-CHER, pendant que Robert s'informait auprès de l'agent d'exploitation, BUGEAUD, le buste hors de l'abri, l'air préoccupé, regardait en arrière de son côté, humant l'atmosphère mouillée. Il traverse l'abri, vint à nous :

... - Ca m'a tout l'air que le tender veut nous jouer une "vache", lança-t-il à Robert. Le mécanicien se retourna vivement, le chauffeur précise ses inquiétudes.

...

...Compte-tenu de la durée des arrêts précédents, le feu de la SELLES-SUR-CHER n'était pas sur le point de virer du rouge au vert, nous descendîmes tous trois. L'odeur caractéristique d'un essieu commençant à chauffer provenait du tender; la boîte de l'essieu arrière du second boggie apparut à la clarté de l'acétylène. Une légère fumée se dégageait, le fusible de sécurité était fondu, l'appréhension devenait certitude; le chauffage s'était amorcé quelques kilomètres en amont, il en restait deux cent trente à parcourir.

...Il n'y avait pas grand chose à faire dans l'immédiat, d'une minute à l'autre l'aile du sémaphore s'abaisserait rendant la voie libre. Par précaution, pour aérer la boîte et retarder les effets du chauffage, Robert retira le bouchon supérieur, pour vidanger une "bouillotte" de deux kilos d'huile.

...

...Le train repartit, Robert une fois de plus poussa la 730 au plafond de 80 Km/H, sans souci apparent de l'incident découvert deux gares en amont. MENNETOU, THENIOUX, de kilomètre en kilomètre, le halo du triage de VIERZON s'esquissait, se précisait, agrandissait son arc, bientôt la 730 attaqua la grande courbe. Le train s'arrêtait avec un retard net de 26 minutes, nous en avions regagné dix-neuf depuis SAINT-AIGNANT en dépit de la "purée" battue de concert avec le 4516.

...La visite de la machine ne révéla rien d'anormal, aussi Robert se rendit sans tarder auprès de la boîte du tender. Sa température n'avait pas sensiblement augmenté; néanmoins, par mesure de sécurité, il ajouta deux nouveaux kilos d'huile pour baigner la fusée, tenir jusqu'à BOURGES où un arrêt prolongé permettrait de faire le point de la situation, d'envisager les mesures à prendre.

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...VAPEUR, HOMMES et MACHINES... P 66.

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