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VOIR : LES DEVORANTS.

LES DEVORANTS.

Publié le 30/01/2012 à 17:09 par reseau3gg
LES DEVORANTS.

...

...VALLERAUD remontait la rue D'AUBERVILLIERS. Seul sur le trottoir de gauche, il longeait le grand mur qui sépare le quartier du chantier d'HEBERT. Parvenu sur le pont, il regarda l'heure au clocheton qui émerge des toits parallèles abritant les halles à marchandises. Chaque fois qu'il passait là, l'homme tirait son chronomètre de la poche de son gilet et en vérifiat la marche. Plus exactement il contrôlait l'heure de l'horloge car il avait plus confiance en son chrono qu'en l'horloge d'en face.

...Il haussa les épaules tout en marchant et, d'un coup de rein, il ramena sur son dos le sac de cuir qui lui avait glissé le long du flanc. Arrivé au-dessus des voies de PAJOL, VALLERAUD, s'approcha de la grille et s'arrêta un instant pour inspecter du regard le secteur de sortie du dépôt. Peut-être distinguerait-il la MOUTAIN qui devait déjà stationner plus loin que la remise. Il ne la reconnut pas. Elle était certainement enfermée dans le groupe compact d'une vingtaine de locomotive, machines-tender ou machines à grandes roues, qui allaient s'élancer au cours des premières heures du jour à l'assaut de la banlieue ou des grandes lignes de l'Est.

...

...Quand le mécanicien eut presque atteint l'extrémité du pont, il entendit qu'on l'appelait.

... -Eh. Christian ! C'était DEFOSSES qui débouchait de la rue PAJOL. Les deux co-équipiers parvenaient toujours sensiblement à la même heure au dépôt. Tantôt le chef précédait son chauffeur, tantôt le chauffeur précédait son chef, il leur arrivait quelquefois, comme ce matin-là de se présenter en même temps devant le portail qui donne accès à la passerelle acollée au pont.donne accès à la passerelle accolé au pont.

...

...VALLERAUD et DEFFOSSES roulaient ensemble depuis fort longtemps. Le chef à peine âgé de cinq ou six ans de plus que son compagnon, ils se tutoyaient et s'appelaient par leurs prénoms.

...En réalité DEFOSSES n'était pas chauffeur mais élève mécanicien. Il aurait pu rouler comme le chef à la banlieue, mais il préférait rester au poste de second sur la MOUTAIN.

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 15.

...

ALORS ON LAISSE CREVER !?

Publié le 01/02/2012 à 16:05 par reseau3gg
ALORS ON LAISSE CREVER !?

...

...En cette minute pourtant le bouillant COLLIN paraissait gêné devant le mécanicien.

... -Y a rien de changé ? lui demande VALLERAUD.

... -Non, rien répondit l'autre en détournant les yeux vers les fenêtres par lesquelles on voyait avancer deux machines-tender accouplées, la seconde poussant la première. VALLERAUD n'en voulut pas entendre davantage. Jusqu'à cette minute il avait espéré un sursis. Cette fois, la cause était entendu. A quoi bon assister ? Il fit demi-tour et sortit sans ajouter un mot. Avant de le rejoindre, DEFOSSES posa encore quelques questions.

... -Alors, on laisse crever en rentrant ?

... -Oui, faudra laisser crever.

... -Et demain, on charge pas !

... -Non demain, vous nechargez pas ! Vous vous arrangerez même pour ne pas avoir un tender à la perche. On devra décharger tout ce que vous ramènerez comme houille pour nettoyer le tender.

... -Alors, y a plus d'espoir : c'est bien ces deux derniers trains, à notre pauvre bouille ?

... -Elle a déjà 1 400 000 kilomètres. On ne va tout de même pas la pousser à 2 000 000.

... -Mais elle n'est pas plus dure au gaz que si elle était neuve. Elle bouffe pas plus de houille qu'une autre. Le mouvement n'a pas trop de jeu. Je suis sûr qu'elle coûte pas plus de réparations que la plupart des 41 000 de LA VILLETTE.

... -Vous êtes dur à piger, ton chef et toi. Ce n'est pas la première fois que nous parlons de cela. Alors, encore une fois je te le répète que c'est une question d'essieux. Et contre cela, il n'y a rien à faire. Je n'y peux rien. Le patron n'y peut rien. Personne n'y peut rien. Va trouver le chef d'atelier : il te dira que la distance entre les faces externes des boudins est arrivée à la limite permise.

...

...DEFFOSSES n'insista pas et s'apprêta à battre en retraite un peu honteux qu'on lui reprochât de ne pas comprendre un fait aussi simple.

...Entre nous soit dit, ajouta COLLIN en le retenant d'un geste, un peu plus tôt ou un peu plus tard, il faudra y passer. Avec quinze jours d'avance ou de répit, ça ne change rien : le problème sera de même.

... -Oh moi, vous savez, répondit DEFOSSES, je n'en ferai pas une maladie. Mais VALLERAUD, je crois qu'il va devenir cinglé. Il en était fou à lier, de sa machine.

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 19.

...

POUR LA MIENNE, C'EST REPARATION DIFFEREE.

Publié le 04/02/2012 à 13:54 par reseau3gg
POUR LA MIENNE, C'EST REPARATION DIFFEREE.

...

...Vous n'en prenez pas plus aujourd'hui ? demanda le manoeuvre.

... -Non, j'en ai encore pas mal dans mon coffre et j'ai plus besoin de réserve. On gare la 22 au retour.

... -Alors elle va rester longtemps sans rouler ?

... -Elle ne roulera plus... Le lampiste dressa brusquement la tête et dévisagea avec surprise l'homme qui se tenait en face de lui dans la posture du condamné. Il resta un instant sans trouver de réponse. D'un ton peu convaincant, il finit par dire :

-Y'en a qu'on gare, y'en a d'autres qu'on dégare. Je vois ça à mes signaux. La vôtre, on la dégarera peut-être dans quelque temps. Je vois par exemple la 38. Eh bien, la 38... VALLERAUD coupa court à ces explications.

... -T'es pas au courant, mon gars. Y a garage et garage. Y en a bien, comme tu dis, qu'on gare et qu'on dégare après. Mais ce n'est pas le cas de la mienne. La 38, c'était un garage en bon état. Y en a encore des garages avant levage où on peu garder un peu d'espoir. Pour la mienne, c'est "réparationn différée" qu'ils appellent ça. Laisse moi rire avec leur réparation différée. Elle est tellement différée qu'on la voit jamais venir.

...

...Une machine en "réparation différée" tu peux dire que c'est une machine foutue. T'as qu'à regarder toutes celles qu'ont été arrêtées comme ça. On les balance un peu partout dans tous les coins pour faire de la place dans les grands dépôts. T'en trouve à VAIRES, à CHATEAU-THIERRY, à LONGUEVILLE, à SAINT-DIZIER, à LEROUVILLE et certainement dans d'autres bleds que je connais pas. Alors, faut les voir, dans ces trous !

...On leur fait plus un sou d'entretien, on leur prend toutes les pièces qui manquent sur les autres; elles en ont une gueule ! Elles pourissent sur place, nos pauvres bécanes. On ferait mieux d'être plus franc et de les démolir tout de suite comme les 230 K, comme les vieilles allemandes, ou comme les vieilles américaines de l'autre guerre.

..."Réparation différée !" Ah non, c'est crevant !... Tiens, donne moi donc mon huile, que je foute le camp.

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 24.

...

CONFIDENCES, POUR CONFIDENCES...

Publié le 07/02/2012 à 09:58 par reseau3gg
CONFIDENCES, POUR CONFIDENCES...

...

...Le lampiste n'était pas pressé de remplir les bidons de la 241 A 22. Il était rare qu'il reçût comme en ce jour les confidences d'un dévorant. Aux yeux des manoeuvres et des ouvriers du dépôt les mécaniciens titulaires de MOUTAIN passaient déjà pour des personnages importants avec lesquels il était d'ailleurs préférable de ne pas avoir d'histoires, vu qu'en règle générale les patrons leur donnaient raison.

...

...En faisant le plein des bidons, le lampiste parla à son tour.

... -C'est comme moi, je me demande ce que je vais devenir dans toutes ces histoires. Chaque fois qu'y en part une et qu'on la remplace pas, ça fait deux disques en moins, une lanterne en moins et trois ou quatre bidons en moins.  A force d'en voir filer, il restera plus rien sur mes rayons, on va tout de même pas me laisser seul ici, au milieu de ma turne vide....

... -Alors, qu'est-ce qu'on fera de moi ? Avec leurs machines électiques, qu'est-ce qu'on fera, nous, les manoeuvres ? Plus de houille à charger, plus de foyer à basculer, plus de chaudières à laver, plus de  grilles à nettoyer, plus de feux à allumer, plus de boîte à fumée à vider, plus de tubes à ramoner.

... -Qu'est-ce que tu veux, on y peut rien, répondit à son tour VALLERAUD en soupirant. Il prit ses bidons. Puis il fit demi-tour pour regagner sa machine. Mais il se retourna presque aussitôt vers son camarade d'infortune et reposa les récipients à terre.

...

... -Faut pas te faire de  bile, reprit-il s'adressant au lampiste. Du boulot, t'en auras toujours au chemin de fer. Si tu restes pas avec tes lampions, on te trouvera autre chose ailleurs. Si on te prend pas pour briquer les motrices, t'iras peut-être un peu plus loin bourrer les traverses ou saboter au triage de VAIRES.

... -Remarque que, moi non plu, j'ai pas peur de manquer de travail. Mais pour moi, c'est pas la même chose. C'est pas le manque de boulot qui me fais peur. C'est le changement. Et dans cette affaire, ce qui me fout par terre c'est de perdre ma bourrique. Si c'était pas ça, je m'en balancerais. Ce qui me dégoûte c'est de me séparer d'elle. Avec elle, si fallait, je ferais les marchandises, je ferais la banlieue, je ferais les remontes, je ferais même les manoeuvres.

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 24.

...

 

L'HISTOIRE DE LA 41.

Publié le 09/02/2012 à 17:23 par reseau3gg
L'HISTOIRE DE LA 41.

...

...Le sous-chef vit la 241 A avancer d'un tour de roue. Le tender s'arrêta en face de la grue hydrolique. VALLERAUD, à terre, un bidon dans chaque main, grimpa aussitôt sur le tablier et se dirigea vers le graisseur. Collin se porta sur la droite où LASSAUGE, autre dévorant de la même promotion, graissait le mécanisme de sa moutain, la 7. Après quelques phrases banales échangées avec lui, il ne put s'empêcher de revenir sur le sujet qui lui tenait à coeur....

...-Dis donc, est-ce qu'il y a longtemps que tu as discuté avec Christian ? LASSAUGE fit la moue.

... -Oh, tu sais, VALLERAUD et moi, on ne se dit pas grand chose. On est même guère copains Depuis l'histoire de la 41... C'était vrai, le sous-chef l'avait oublié. Il n'apprendrait rien de celui-ci.

...

...Cette affaire de la 41 remontait à un certain nombre d'années. Elle avait eu pour origine une blessure de VALLERAUD, une brûlure au bras qui l'avait obligé d'abandonner son service durant plus d'un mois. Pendant son absence, la 41 dont il était le maître à cette époque, était rentrée de levage de BAR-LE-DUC.

...

...Entre les dévorants, les histoires arrivaient presque toujours à propos des chauffeurs et surtout des locomotives. Deux circonstances favorisaient leur naissance : le départ en congé du mécanicien ou le retour de la locomotive à son dépôt dans un grand atelier.

...

...L'affaire entre VALLERAUD et LASSAUGE, n'avait failli à cette règle. La 41 était reparue pendant l'absence de son mécanicien. A cette époque où aucune Pacific n'était basée à LA VILLETTE, LASSAUGE avait une 230 K, il savait qu'il serait un des premiers à prendre une MOUTAIN à son compte. Lui aussi allait enfin toucher au but. La prochaine réalisation de son désir exaspéra-t-elle son impatience ? Perdit-il le contrôle de ses paroles au point d'insinuer que VALLERAUD ne reprendrait pas sa locomotive avant longtemps du fait de sa blessure et au point de suggérer  à l'un des dirigeants du dépôt, patron adjoint ou chef de feuille, qu'on lui remît la 41.

...Pour arriver à ses fins, il eût même appuyé sa démarche de propos désobligeant à l'encontre de son collègue afin de le discréditer dans l'esprit de ses supérieurs. De tout cela, VALLERAUD l'avait accusé plus tard. Qu'y eut-il d'exact dans ces affirmations du mécanicien, On ne le sut pas exactement. Le seul fait certain de cette histoire avait été une vive explication entre les deux hommes après que le blessé eut repris son service.

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN p 33.

...

 

PAS QUESTION DE REPASSER A LA CHARGE !

Publié le 10/02/2012 à 16:07 par reseau3gg
PAS QUESTION DE REPASSER A LA CHARGE !

...

...Le contremaître vient d'apprendre qu'un mécanicien de banlieue voulait repasser sous le tobogan. D'après ce qu'il prétendait, les allumeurs avaient tellement brûlé de houille qu'il n'en restait plus assez pour faire l'aller retour de PARIS à LAGNY. A cinq minutes de l'heure de sortie, c'était un retard à peu près certain au départ du train si on le laissait faire. Le contremaître demande au sous-chef COLLIN de juger si oui ou non le récalcitrant avait assez de combustible pour gagner LAGNY et pour revenir.

...

...A grandes enjambées, les deux hommes se dirigèrent ensemble vers le secteur de la banlieue. Le chaufffeur remplissait les soutes à eau. Son chef vociférait seul dans la cabine en grattant le foyer avec le croc. Le souffleur ronflait. De la cheminée jaillissait un mélange gazeux, plus ou moins foncé selon que l'outil du mécanicien se trouvait en mouvement ou au repos, mais qui s'obstinait à ne pas noircir.

...

... -Je flaire que l'histoire de la houille, c'est un prétexte, dit COLLIN en arrivant auprès de la locomotive-tender. Rien qu'à voir comment la situation se présente, je suis sûr qu'ils ne sont pas riches. Ca les arrangerait certainement de passer à la charge pour se reniper pendant ce temps. Le contremaître monta dans la cabine. A sa vue, l'autre brailla de plus belle.

...-Alors, vous pensez qu'on peut partir avec ça s'écria-t-il en montrant la soute à COLLIN.

...-Je ne dis pas que vous en avez beaucoup mais, pour ce qui est de partir sans repasser au tobogan, cela vous devez le faire sans crainte. Il faut même le faire. Et sans tarder. Le banlieusard ne désarmait pas et le dialogue monta d'un ton !

...-C'est cela ! on se fait voler et après on vous engueule par-dessus le marché.

...-Avant de dire avec vous qu'on vous a volé je me renseignerai sur votre dernier chargement.

...-J'ai fait douze-cents.

...-Je le verai bien. Ce n'est pas le moment de discuter. Pour l'instant c'est du gaz qu'il faut, avec neuf kilos, vous n'en avez pas de trop pour sortir.

...-C'est plus qu'il y en a besoin. Les allumeurs n'ont pas qu'à laisser crever.

...-La logique et vous, vous n'avez pas l'air de vous connaître. Il y a un instant, on vous avait brûlé trop de charbon. Maintenant on n'en a pas mis assez dans le poêle. Les deux choses ne vont tout de même pas ensemble.

...

...le mécanicien se calme un peu en cherchant des arguments pour répondre à la dernière phrase du sous-chef. Il fit néanmoins claquer la porte du foyer d'un geste rajeur. De la cheminée la fumée sort plus épaisse. Les soutes étaient pleines; le chauffeur laissa retomber le boyau de la grue. Un grand paquet d'eau s'écrasa au sol.

...-Quand je dis allumeurs, c'est peut-être les charbonniers... Et ce fut un nouveau flot de paroles.

...-Tout le monde le sait, qu'ils nous donnent jamais notre compte, au tobogan.

...-Je vous répète que je commencerai par voir ce que vous avez demandé.

...-Douze cents, que je vous dis.

...-Je n'en sais rien.

...-Alors, dites tout de suite que je suis un menteur.

...-Moi, je n'accuse personne. Auparavant, je me renseigne. Je ne dis pas que c'est la faute des allumeurs quand je ne suis pas prêt pour sortir.

...-Vous leur donnez toujours raison.

...-Je leur donne raison quand ils ont raison et tort quand ils ont tort ! La grosse voix tomba une fois de plus sur le dépôt :

...-"La 141 TB 305, en route !"

...-Assez discuté; cette fois, allez ! En route ! Tout en manipulant son volant de changement de marche, le banlieusard éprouva encore le besoin de revenir sur le chapitre des allumeurs et des charbonniers.

...-Ah non ! cela suffit, hurla le sous-chef. D'ailleurs je voudrais bien savoir quand vous êtes arrivés à votre machine, tous les deux...

...-On est arrivé à l'heure de notre prise de service, marmotta le mécanicien en tirant sur le levier du régulateur.

...-Alors dans ce cas, repris COLLIN de plus en plus furieux, ce n'est pas au moment de quitter le dépôt qu'on doit s'apercevoir qu'il manque de la houille !

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 36.

...

... Et vlan ! Je vois que ça s'engueule facile chez les cheminots !
... http://chantouvivelavie.centerblog.net

...

...

 

MAIS POURQUOI QU' ILS BRIQUENT ENCORE ?

Publié le 11/02/2012 à 15:13 par reseau3gg
MAIS POURQUOI QU' ILS BRIQUENT ENCORE ?

...

...Le sous-chef et le contremaître revinrent ensemble du côté des locomotives à grandes roues. Désormais une des premières à quitter le dépôt, la 241 A 22 était incontestablement prête à se glisser sur son convoi. Elle avait dégagée l'extrémité de la fosse et s'était avancée jusqu'au dernier croisement de voies avant le carré de sortie. La cheminée fumait à peine. Apaisée la moutain semblait se recueillir avant son dernier bond. ...

 

...Debout sur le tablier, DEFOSSES astiquait les tôles de la chaudière avec un chiffon. On apercevait de son côté VALLERAUD dans sa cabine en train de faire reluire les cuivres. Il restait cependant encore un quart d'heure avant que le haut-parleur appelât la 22.

...

...GALLAND tomba en arrêt devant la MOUTAIN et son équipe.

... -Mais elle crève donc pas en rentrant ?

... -Si elle crève.

... -Oui, mais pour tout de bon.

... -Pour tout de bon; c'est bien vrai.

....-Alors, pourquoi qu'ils briquent encore ! Le sous-chef se tut un instant avant de répondre.

...-Parceque, tu vois, ils tiennent à leur honneur de mécanicien. Et un vrai mécanicien se considère comme déshonnoré si sa machine est sale. Jusqu'à sa dernière heure ils auront voulu que la leur brille et qu'elle brille à tous les points de vue. Dis-toi bien que les VALLERAUD, ça ne court pas les rues.

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 39.

...

MA BOUILLE EST ENSORCELEE ! (1/2).

Publié le 13/02/2012 à 17:05 par reseau3gg
MA BOUILLE EST ENSORCELEE ! (1/2).

...

...-T'as un bon feu ? demanda-t-il à son compagnon en examinant le foyer par la porte entrouverte.

... -Oui chef, comme d'habitude.

... -Parceque, mon petit Arthur, pour son dernier démarrage de PARIS, je m'en vas te la faire ronfler. Prépare tes biceps.

... -Oh alors, dans ce cas, je prends mes précautions, déclara DEFOSSES en riant. Voici qu'il était tout ragaillardi, lui aussi. Le chauffeur retrouvait le Christian VALLERAUD qu'il connaissait naguère, le VALLERAUD des grands jours. Le vrombissement du souffleur faisait frissonner la locomotive. Il restait une vingtaine de secondes avant le départ, VALLERAUD se frottait les mains et parlait à la machine.

... -Oui ma cocotte, aujourd'hui je m'en vas te secouer le cotillon. VALLERAUD tira à fond de course le levier du régulateur. A l'avant, entre les longerons, un claquement répondit à son geste. Le mécanicien saisit l'autre manche, le vrai, celui qui ébranlerait le convoi mais qu'il importait de ne pas brusquer. Comme pour chaque démarrage, il l'amena à lui en tâtonnant, avec une infinie précaution. Ses muscles tendus, ses sens en éveil s'attachaient à déceler la moindre réaction de la locomotive.

...

...Le régulateur arriva presque au milieu de sa course. Rien n'avait encore bougé. VALLERAUD accentua le sablage, hasarda d'amener le levier de quelques crans supplémentaires vers l'avant. Toujours rien : pas le moindre indice qui pût être interprêté comme l'annonce d'un début de mouvement.

...Alors le mécanicien repoussa délibérément le levier vers la chaudière. Il fallait tenter un nouvel essai en repartant de zéro. Cran par cran, le régulateur revint vers le milieu de course; il se trouva sans rien provoquer à la position qu'il avait atteinte précédemment.

... -Qu'est-ce qu'elle a aujourd'hui, cette bourrique ? murmura VALLERAUD. Elle s'en mêlait donc aussi, la MOUTAIN. Elle se liguait contre lui avec les évènements qui le torturaient, avec les gens qui l'importunaient par leurs bavardages stériles.

...Il y avait longtemps qu'elle ne lui avait joué ce tour. Mais le maître ne la laisserait pas agir à sa guise. Pour les autres, tant pis. Pour elle, non ! Jusqu'au dernier tour de roue, il faudrait qu'elle obéît. Au besoin, il se fâcherait...

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 48.

...

 

MA BOUILLE EST ENSORCELEE ! (2/2).

Publié le 14/02/2012 à 06:42 par reseau3gg
MA BOUILLE EST ENSORCELEE ! (2/2).

...

...VALLERAUD tira sur le régulateur. Son geste déchaîna la tempête. Les roues furent prises de frénésie. A leurs points de contact avec les rails, les bandages crachèrent du feu. La cheminée cracha du feu. Cette ruade s'accompagnait d'un bruit de tonnerre qui couvrait les gémissements et les râles de la MOUTAIN, à la fois furieuse et meurtrie d'être clouée sur place alors qu'une force impérieuse la poussait à briser ses chaînes.

...Le mécanicien avait immédiatement repoussé le régulateur. Les roues n'en continuaient pas moins de patiner avec rage.

...

... -Se démener de la sorte avec les seuls "BP" c'est pas possible, pensa VALLERAUD. Elle est ensorcelée, ma bouille... Il lui fallut encore sauter sur le régulateur "Basse Pression" et le rejeter avec force contre la chaudière pour mettre un terme au déchaînement de la machine.

... -Garce ! Celle-là, tu me le gardais pour aujourd'hui ! Mais déjà VALLERAUD reprenait à pleines mains le régulateur basse pression, le projetait contre lui et sautait sur l'autre.

... -Ca, pour un coup de chausson, c'est un coup de chausson ! opina DEFOSSES. La locomotive et, à sa suite le train s'ébranlèrent sans autre difficulté. VALLERAUD passa en marche COMPOUND après quelques tours de roue. La rame venait facilement. Le poste 1 atteint, DEFOSSES ferme le souffleur. Son chef se retourna vers lui.

... -T'as vu cette pute ? Je me demande ce qui lui a pris, rien qu'avec "le petit" elle continuait à tout casser. Le chauffeur sourit à la fois parce qu'il voulait ramener le calme dans l'esprit du mécanicien et parce qu'il se doutait que c'était bien la nervosité de ce dernier qui avait déclenché la fureur de la locomotive.

... -Tu l'as trop brusquée. Ou alors c'est qu'elle est pas contente, elle n'on plus. Elle sent peut-être ce qu'il l'attend. Arthur se mit à rire, mais son rire sonnait faux. La MOUTAIN était aussi un peu à lui et il venait de se rappeler à lui-même qu'il allait la perdre.

... -Ca ne fait rien, reprit-il, je me souviens pas d'en avoir vu une s'essuyer les pieds comme la nôtre aujourd'hui.

...On dépassait le poste 2. La machine se tordit une dernière fois sur un aiguillage et se lança sur la ligne droite de LA VILLETTE.

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 52.

...

IL FAUT FAIRE L' HEURE ! (1/2).

Publié le 15/02/2012 à 09:25 par reseau3gg
IL FAUT FAIRE L' HEURE ! (1/2).

...

...Avec deux minutes d'avance qu'on avait avant de ralentir et les deux autres qu'on a déjà regagnées avec un démarrage sur les chapeaux de roues, il nous en reste encore sept dans la vue. Ca fait qu'on en a perdu onze, avec leur sacré ralentissement pour travaux !

...

...Entre 100 et 105, la MOUTAIN arrachait son train de signal en signal, de station en station. DEFFOSSES alimentait le foyer par charges courtes. Dès qu'il faisait basculer les vantaux de la porte, le panache se ternissait tout à coup et le chauffeur attendait qu'il redevînt tout à fait blanc pour saisir de nouveau sa pelle. Avant de se baisser vers la soute à combustible, il jettait un coup d'oeil au manomètre et aux tubes. Le niveau d'eau se maintenait, la pression ne baisait que lentement.

...

...VALLERAUD vit à la position des signaux avancés qu'on l'envoyait sur la voie directe, celle où se trouve la grue hydraulique....

...Durant l'espace d'une seconde, VALLERAUD pensa à la grue à col tournant qui l'attendait au bout du quai. C'était un vieux souvenir qui revenait le hanter chaque fois qu'il arrivait sur les signaux avancés de la gare de TROYES. Cela remontait à ses tout premiers débuts comme chef en tête des voraces. D'aussi loin qu'il le pouvait, il essayait de discerner la position des signaux.

...Si la voie directe et la grue à col tournant étaient pour lui, tout allait bien. Au contraire, si on l'envoyait le long du quai à la grue fixe, il appréhendait de s'arrêter trop loin ou pas assez loin et de manquer la grue.

...Pour un débutant aux rames de six ou sept cents tonnes, ce n'était pas une petite affaire que de s'immobiliser sans tâtonner dans un espace d'un mètre ou d'un mètre cinquante. Il allait jusqu'à rêver de ces quais de TROYES dont l'un  permettait toutes les audaces et dont l'autre exigeait une prudence de sioux. Ce jour là, on l'envoyait sur la grue à col tournant. Tout allait bien.

...-Encore deux minutes. On rattrapera ça plus loin.

...

...LES DEVORANTS, Etienne CATTIN P 65.

...